Beaucoup de nos actualités nous ramènent à la question du pouvoir, sous
toutes ses formes. Le pouvoir des hommes sur les femmes, Weinstein, bien
sûr, le pouvoir de l'argent, Weinstein encore, mais également Trump, le
pouvoir politique d'un président mal élu, le pouvoir d'un roi, en
Espagne, celui d'un petit chef dans l'entreprise, et toutes les
combinaisons entre ces formes diverses. Mais cette actualité jette aussi
la lumière sur la fascination que semblent ressentir beaucoup
de nos contemporains pour le pouvoir. Un exemple : le premier de cordée
de Macron. « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux »
disait La Boétie. Cette fascination n'est pas, à mon sens, extérieure au
problèmes posés par les abus de pouvoir que nous constatons, de manière
aigüe, ces temps-ci. Elle en est une part importante. Pourquoi, en
effet, un petit chef peut-il imposer ses désirs, même les plus
inavouables, à un subordonné ? Le respect de la hiérarchie, me
direz-vous. Certes. Mais sur quoi est-elle basée ? Deux choses : une
certaine fascination, indéniable, pour le pouvoir, mais, également, un
désir d'accéder à ce pouvoir, voire à une autre forme de pouvoir. Pour
le cas des actrices violées, par exemple, on entend très souvent cette
phrase : « je ne pouvais rien faire, je pensais à ma carrière... ».
Qu'est-ce qu'une carrière ? Une forme de pouvoir. Pour ce qui me
concerne, je n'ai jamais respecté aucun pouvoir. De manière maladive,
même, et, parfois, jusqu'à me détruire, du moins détruire mes chances
d'en être quelque jour. Et, comme par hasard, je n'ai jamais harcelé
personne. Jamais. Au point, même, par exemple, de n'avoir jamais «
dragué » aucune fille. Les femmes avec qui j'ai pu être amené à
travailler ont toutes le même avis : lui, c'est notre copine. Je pense,
pour finir, que condamner les agresseurs ne sera jamais suffisant tant
que, dans un coin de notre tête, nous respecterons le pouvoir de
certains humains sur d'autres, ou, au pire, nous l'appellerons de nos
voeux dans le but d'un jour en tirer profit nous-mêmes. Reste qu'en
attendant le grand soir, traîner dans la boue ce que nous avons admiré (
les trois L …), si cela peut, sans aucun doute, avoir quelques vertus,
reste une très vieille antienne … Lynchons les porcs, donc … A
condition, peut-être, de réfléchir à la raison pour laquelle ils ont
acquis cette position dominante. Comme le titrait il y a peu un
hebdomadaire : ne victimisons pas les femmes, éduquons les garçons... Et
souvenons-nous que ce sont souvent des mères, en général très
impliquées dans l'éducation des enfants, qui sont harcelées...
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