Exhumer l’excellent
livre de Claude Duneton ( Points – Seuil – 1979) à propos des
élections régionales peut sembler inapproprié. La truie qui doute
de Duneton est celle qui hésite à nourrir ou non ses petits alors
qu’elle sait quel avenir désastreux, fait de torture et de
souffrance, leur est promis. Allégoriquement, il y décrit ses
hésitations de professeur à continuer d’enseigner à une jeunesse
défavorisée dont il sait qu’elle ne profitera jamais de ses
enseignements parce que son avenir est dramatiquement prédéterminé.
J suis comme une truie qui doute, aujourd’hui, et pour ce qui me
concerne, sur l’avenir du PS. Et particulièrement sur une question
: celle du retrait ou non de ses candidats dans les régions exposées
au danger du FN. Mon problème n’est pas que le PS ait ou non des
élus. C’est ce qui ferait plutôt pencher la balance vers la
partie euthanasie de mon doute. Le PS ne mérite plus, selon moi,
d’avoir des élus. Le problème du retrait, c’est le FN. Les
états majors parisiens ont décidé qu’on devait, par devoir,
privilégier les candidats dits « républicains »,
candidats qui, d’ailleurs, ne le sont pas tant. Je ne dirais pas
des ténors de LR qu’ils ne méritent pas d’être élus. Eux, au
moins, sont fidèles aux idéaux de droite. La question du retrait
est donc de savoir s’il faut ou non tolérer l’hypothèse d’élus
FN et, pire, d’une majorité dans quelques régions. Ce qui est
troublant, c’est qu’à peu près tous les gens qui se prononcent
sur le sujet, à « gauche », habitent dans des régions
qui ne sont pas exposées au risque FN. Ils ne le font donc qu’au
nom d’un idéal, idéal que, par ailleurs, ils trahissent
allègrement chaque jour. C’est une position dite « morale ».
D’un autre côté, au nom des mêmes principes, beaucoup renâclent
quant au retrait. Jean-Luc (Mélenchon), par exemple, qui ne risque pas beaucoup plus que ses camarades. Ne parlons pas de Pierre (Laurent) qui, au passage, va se
retrouver au conseil régional IDF.... Or, ici, j’ai envie de faire
une prédiction. Je vous fous mon billet que, s’il advient que le
FN soit élu à la tête d’une région, il y aura, dans cette
région, des « ratonnades ». Dans le Sud, par exemple, il
y aura des descentes de milices dans les quartiers dits « chauds »
et on poussera « les arabes » à la mer. Dans le Nord,
j’entrevois la possibilité d’un « nettoyage »
sauvage de la jungle de Calais. Bien entendu, les dirigeants du FN ne
donneront jamais la consigne de ces exactions. Je suis même certain
qu’ils les condamneront avec fermeté et excluront les brebis
galeuses. Non, ce qui va se passer, c’est que quelques gros cons
plus ou moins avinés en prendront l’initiative et, ce, parce
qu’ils se sentiront encouragés, voire légitimés, par le fait que
leur région est dirigée par leur parti, parti devenu alors
totalement légitime lui-même. Et là, force est de constater que
nos socialistes endimanchés, quant à eux, ne risquent pas de se
faire violenter par ces nervis. Tran-qui-lles. Un comportement
ouvertement bourgeois. Avec tout le mépris pour le peuple que
recouvre ce terme. envisager la possibilité de l’élection d’un
conseil régional FN est tout bonnement une horreur en soi. Que
Jean-Luc plaide pour le maintien de Masseret est une horreur. Cela
signifie que l’idée de la présidence des Le Pen au Nord ou au Sud
est acceptable. Qu’il suffira de courber l’échine pendant six
ans et de remettre le débat à plus tard. Entre temps, chacun pour
soi. Je ne voudrais pas être un français issu de l’immigration
pendant cette période. Je ne vous parle pas des étrangers vivant
dans ce pays, légaux ou non. Il peut donc sembler que le débat est
clos. Retrait systématique du troisième, vote en masse pour le seul
représentant digne des idées républicaines. Sauf que.... Sauf que,
le PS étant ce qu’il est, un parti détestable, il prfite de
l’occasion pour instrumentaliser. Il n’est pas le seul. Ce n’est
pas une excuse. « Surfant » sur la vague, il nous incite
à voter partout comme un seul homme, dans la joie et l’allégresse
que donne le sentiment d’avoir « résisté ». Et c’est
là que, tout à coup, je deviens une truie qui doute. Parce que
j’habite dans l’Ouest. Une région qui n’est pas exposée au
danger. En PDL ou, pire, en Bretagne, le débat se concentre non sur
le FN mais sur l’aéroport de NDDL.... Et là, tout à coup, je
suis touché par le doute. Lesquels de mes petits dois-je choisir ?
Ceux qui vont s’en tirer, qui ont avenir, tous ces enfants de
bourgeois qui feront des études, dont l’avenir est assuré, qui,
demain, seront tout simplement là, ce qui sera en soi une victoire,
ou bien les enfants basanés qui, partout ailleurs, en France, voire
chez nous, seront en danger ? Vous avouerez que, pour le coup, me
voilà vraiment ravalé au rang d’une femelle porcine intelligente.
Sauf que, une fois encore, parce qu’il faut se décider avant
dimanche soir, deuxième tour, une sorte d’urgence se fait jour. Et
cette urgence, moi, j’en attribue la responsabilité, sans
hésitation, au PS.... Ce qui me renforce dans l’idée terrible de
l’euthanasie du PS...... Sauf que... Sauf que, encore une fois, le
PS réussit ce prodige de survivre au débat.... J’ai beau avoir lu
Nietzsche et, surtout, son avis, son réquisitoire, sur les
« socialistes », non, vraiment.... C’est absolument
indigne. L’urgence, sur un problème qui nécessitera plusieurs
mois, voire plusieurs années avant que nous soyons capables de
l’analyser, vraiment, c’est indigne... Je vais donc assumer mes
convictions et, dimanche, je ne voterai pas pour le PS et ses récents
alliés. Sauf que.... je sais que je ne peux me permettre de le
faire que parce que, comme beaucoup d’autres, au final, je sais que
je ne risque rien. La chute lente de la démocratie, qui n’a rien à
voir avec la République, comme vous savez si vous avez lu, elle va
passer par moi, simplement parce que, moi aussi, je profite de mon
confort intellectuel..... Une peste qui finira par nous avoir tous.
La seule porte de sortie qui nous reste, c’est de s’interroger
sur ses propres motivations..Et d’accepter une fois pour toutes
qu’aucun de nous ne vaut bien plus cher que ceux qu’il
condamne.... Ma truie domestique, qui est couchée à mes pieds, en
rit à groin ouvert.. Hui! Hui! Hui! ….
Je pourrais, en annexe,
vous entretenir de mes doutes sur la manière de qualifier les
électeurs du FN. L’un des arguments principaux de cette « ligue »
est d’appeler au respect de ses suiveurs, sous prétexte qu’ils
seraient des humains aussi respectables que tout autre. Mes origines
populaires, totalement populaires, origines partagées par zéro
personne aujourd’hui en responsabilité, mes origines dont j’ai
gardé un goût indépassable pour le mot grossier, m’incitent à
traiter assez facilement de « con » toute personne
stupide. Mes origines ne me laissent aucun choix : ne mérite le
respect que toute personne qui s’en montre digne et, par
conséquent, je n’ai aucun problème à qualifier de « gros
con » toute personne qui place ses espoirs dans le FN... Une
histoire non encore classée, soixante dis ans après, sur la
responsabilité du peuple allemand dans l’avènement d’un certain
Adolphe (point Godwin...) ou du peuple espagnol sur l’avènement de
Franco. Mais, comme vous le savez, bien que ce soit là un point de
vue totalement bourgeois, à mon sens, ce qui est excessif est
insignifiant. Ma truie vient encore de couiner......
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