Un peu innocemment, avec
naïveté et, peut-être, sûrement, un brin de bêtise et
d'inculture, probable, je trouve que la dame ZAZ a quand même levé
un lièvre en annonçant qu'il y avait une certaine insouciance dans
le Paris occupé des années 40. Je conçois ce que cette affirmation
peut avoir de choquant pour des gens de ma génération dont les
parents et grands-parents ont souffert sous l'occupation, ont été
internés, déportés, tués. Mais dame ZAZ n'a que 34 ans. Et quelle
peut bien être la vison d'une jeune femme de 34 ans sur cette
époque, après un parcours normal dans l'éducation nationale, où
ces questions sont peu évoquées ? Cette vision, elle est forcément
issue, pour sa génération, de ce qu'on en a vu au cinéma et à la
télévision. Surtout à la télévision. Quelle est donc l'image
qu'en ont donné nos chers médias ? Si j'en crois l'actuelle série
« culte » de France 3, « un village français »,
les médias nous servent une sorte de bouillie ni « collabo »
ni « héros » dans laquelle il est bien difficile de
reconnaître ce qui est le « bien » de ce qui est le
« mal », serait-il, en l'occurrence, le mal absolu. Je
comprends donc, avec la vision lointaine qui doit être celle de
cette jeune femme, que l'on puisse tomber dans le « tout se
vaut » et j'aimerais qu'on reconnaisse, à tout le moins et à
sa décharge, que, pendant l'occupation, il y avait effectivement une
France insouciante, celle des artistes, et l'on peut penser que seuls
les artistes intéressent ZAZ, par exemple Edith Piaf, Suzy
Solidor, Maurice Chevalier, Charles Trenet , Mistinguett, Sacha
Guitry, Picasso, Matisse, Poulenc, Messiaen, Sartre, Simone de
Beauvoir, Marcel Carné, qui, tous, ont tranquillement continué
d'amuser le peuple en chantant, en écrivant, en faisant des films,
en jouant chaque soir au théâtre, etc …. Et très souvent,
effectivement, dans une certaine insouciance. Ce que je crains, c'es
qu'une nouvelle fois, un peu comme avec le cas Nabilla, la France
« bien-pensante » profite encore de l'occasion pour se
draper et nous resservir la salade un peu rance de la Franc héroïque
et « unie contre le Boche »..... Malheur à Zaz, la
pauvre, qui, très involontairement, a mis le doigt sur un problème
non réglé et qui, de ce fait, a suscité la haine d'eux-mêmes
qu'entretiennent toutes nos élites, persuadées qu'elles sont que,
pendant cette période, elles n'auraient sûrement pas été à la
hauteur de leur morale propre. L'école de la République Française
part depuis longtemps en lambeaux. La morale de l'histoire ne peut
donc être autre que cette phrase attribuée à Lincoln : « Vous
trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance !.. ».
Je veux bien connaître, au cas par cas, le niveau d'études de tous
ceux qui s'indignent contre Zaz et, surtout, à quoi ils doivent ce
niveau. Je parie pour l'héritage.
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