Cela fait maintenant
des décennies que, dans mes moments perdus, pas pour tout le monde,
j’espère, je me prends le menton façon Rodin, histoire d’avoir
l’air intelligent et que je me questionne sur une notion, un
« concept », devrais-je dire, si je veux avoir l’heur
d’être audible auprès des élites, une question dont peu de gens,
manifestement, se sont emparés. L’idée de déficit. Il n’a
l’air de rien, ce mot, il semble compréhensible par tous, il est
usité de toutes parts et, pourtant, il me laisse perplexe. Les jours
où, décidément, je n’arrive à rien, les jours où je reprends
tout à zéro, je vois bien le sens commun, des chiffres, des
colonnes et, dans la case de droite, tout en bas, un signe moins en
lieu et place d’un signe plus attendu. Déficit, perte, billets
jetés par la fenêtre, je vois. Ce mois-ci on va encore sucer des
cailloux. Mais, pourtant, rien à faire, cette explication de base ne
passe pas la barrière suivante, ne franchit pas le mur... je ne vois
toujours pas ce que le mot « déficit » vient faire dans
le budget de l’État. Je dois être idiot. Selon une conception
qui, d’évidence, date, il me semblait que l’État, c’était
justement le lieu des déficits. Le lieu des déficits « choisis ».
C’est peut-être un qualificatif essentiel. Aucun doute. Ça l’est.
L’État, c’est cette chose tentaculaire, là-haut, bien au-dessus
de nos têtes, qui nous gouverne tous sans discussion. Sa fonction
primordiale, c’est de redistribuer entre les citoyens l’argent
qu’il reçoit des citoyens, une espèce de loterie, si vous vous
voulez, et qui, pour ce qui le concerne, une différence capitale
d’avec une véritable loterie, son boulot est de redistribuer
« équitablement ». C’est à dire de donner plus à
ceux qui sont dans le besoin, les pauvres, pour faire simple, et de
donner moins aux « riches », ceux qui payent censément
pour les autres. J’ai beau me tenir le menton durant des heures,
façon statue, je ne comprends pas, compte tenu de ce qui précède,
ce que peut bien vouloir signifier le fameux « trou de la
sécu ». On prend de l’argent, on redistribue, on favorise
ceux qui ne peuvent pas payer et on aboutirait à « un trou ».
Serait-ce que, malgré ce que j’en sais, le mot « trou »
serait un synonyme du mot décision ? Que nenni !... Le « trou »,
c’est un déficit !... Comment la « sécu » peut-elle
être « rentable » ? En vertu de quel principe la sécu
devrait-elle être « rentable » ? J’ai une autre
question du même genre, si vous voulez... En vertu de quoi la
retraite devrait-elle être rentable ? Et j’aimerais
comprendre pourquoi on ne parle pas de «déficit » de l’Armée,
de la Gendarmerie ou de la Police Nationales. Si j’ai bien
compris, nous cotisons, l’Etat redistribue et, s’il manque de
l’argent, il remet au pot par décision « politique »
de justice. J’ai rien compris ? Je le savais... A me tenir si
longtemps le menton, j’avais fini par me dire que c’était tout
simplement moi qui déconnais...
Allez, les copains.. Si
on arrêtait les conneries. Le trou de la sécu, le déficit des
retraites, ça n’existe tout bonnement pas et vous le savez
pertinemment. Il n’y a pas plus de trou de la sécu que de beurre
en broche. Il y a un signe moins dans une colonne qui signifie
simplement que nous avons « choisi » d’aider les plus
faibles. On appelle ça la solidarité. Sur les monuments, nos aïeux
ont choisi d’appeler ça « fraternité ».....
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