jeudi 12 mai 2016

Droite et nature


 
Jusqu’en 1789, la France a été gouvernée par une droite « de droit divin ». Vous m’accorderez que la royauté est de droite. Le fait d’avoir un peu rogné sur la taille du roi en 1793, par le mauvais bout, disait ma grand-mère, a tout simplement ouvert la voie à la gauche. J’ose espérer que vous m’accorderez que Robespierre, Danton, Marat et Saint-Just étaient de gauche. Depuis la reprise en main de l’état par Napoléon, la doxa veut nous faire croire qu’on oscillerait entre l’un et l’autre. Un coup à droite, un coup à gauche. Si l’on y regarde à deux fois, on peut penser que, effectivement, la gauche a quelquefois été aux affaires. En 1936, et encore, de 1945 à 1948, à la rigueur, de 1981 à 1983, ce qui reste contestable, de 1997 à 2002, sous Jospin, ce qui me paraît totalement douteux, et … Et puis rien d’autre. Hollande ?... Vous blaguez ? … En gros, donc, notre pays a été gouverné très majoritairement à droite depuis la nuit des temps. Ce qui pourrait donner à penser que la droite est « naturelle » dans l’exercice du pouvoir. Au point que je connais des tas de gens qui estiment que la droite est faite pour gouverner quand la gauche n’est naturelle que pour s’opposer. Des tas de gens de gauche y compris. De là à conclure que, outre qu’il rend fou, le pouvoir serait nécessairement autoritaire, il y a un pas que, pour ce qui me concerne, je n’hésite pas à franchir. Tout pouvoir serait donc, selon moi, de droite. Et tout se passe effectivement, sur cette planète, comme si le pouvoir ne pouvait naturellement appartenir qu’à la droite. Dernier exemple en date : la destitution de Dilma Roussef. Ce qui vient de se produire est objectivement un coup d’état. Fomenté par … La droite. Et il faut savoir que la droite brésilienne n’est pas la plus sexy du monde. En gros, un tas de fachos, menée depuis des décennies par les descendants des nazis qui s’y sont réfugiés après la défaite de 1945. Exactement comme l’argentine. Pendant que j’y suis, je vous signale que les crimes perpétrés par les régimes argentin et brésilien durant les années noires sont dûs, en partie, à des officiers français qui avaient mené, auparavant, la répression en Algérie et qui ont partagé leur savoir avec ces dictatures accueillantes. Les amis De JM Le Pen qui ont trouvé dans ces pays un asile où ils purent se recycler en formateurs. Ce qui vient de se passer au Brésil n’est donc ni plus ni moins que la revanche des fachos brésiliens, tous blancs, comme vous avez remarqué, contre l’élection d’une présidente dite de gauche. On sent bien, d’ailleurs, qu’il en sera bientôt de même avec Le Vénézuela où l’Uruguay où la succession de Chavez et de Mujica s’avère délicate. Si l’on ne peut contester la légitimité d’un Chavez, d’un Mujica, d’un Castro, le retour de la démocratie ressemblera forcément à une farce après la mort de ces personnalité de « gauche » qui ont modelé l’avenir de leur pays. Si le passage à gauche s’avère incontournable dans certaines circonstances, la droite veille néanmoins au grain . Le capital se doit de retourner, quelque jour, au capital. La « droite » reviendra, à quelque condition que ce soit, serait-ce dans le déni de la démocratie que les pouvoirs du monde entier brandissent seulement, ne brandiront toujours et seulement que jusqu’au jour où le pouvoir leur reviendra dans les mains, ce qui, pour eux, est effectivement un ordre naturel … Audiard a très bien résumé cet ordre naturel dans ses dialogues pour « Les tontons flingueurs » : touche pas au grisbi, salope … Au brésil, comme bientôt partout en Amérique du Sud, le pognon reviendra au pognon … Et la droite sera rétablie dans son droit divin. Dilma sera sacrifiée. On n’y peut rien. Et c’est dur de n’y rien pouvoir.

Je suis une personne de gauche. Et, autrefois on disait une chose simple et évidente : tout être humain naît de droite et, seule, une éducation peut parfois en faire une personne de gauche. France, qu’as-tu fait de ton éducation ? Et qui a orchestré la destruction du système éducatif français ? C’est bon ? Tu as la réponse ? C’est naturel, je te dis.


En aparté, je t’invite à réfléchir à mon immense capacité à oublier, parfois, mes obsessions intellectuelles. Dans le cas présent, je suis toujours preneur, de la part de quelqu’un que ça intéresserait, d’une définition de « droite » ou « gauche » en politique. Perso, je ne sais plus de quoi on parle.

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