J’ai oublié quel économiste a
établi le concept de « volant nécessaire de chômage »
dans ses théories du capitalisme. Dans ma mémoire, je me souviens
que cette phrase pourrait être attribuée à Keynes. Si quelqu’un
a la réponse, elle est la bienvenue. Ceci dit, je n’en ai
absolument rien à foutre, évidemment. Sur ce genre de poncif,
l’auteur n’a aucune importance. Tout simplement parce que c’est
un concept évident et qu’importe peu de qui il provient. Le
principal, c’est qu’il recoupe beaucoup d’autres idées forces
qui président au capitalisme, idée reprise, par exemple, par Paul
Lafargue, dans son « Droit à la paresse », livre dans
lequel il reprend cette idée que le « peuple » fait
lui-même son malheur en prenant son rang dans la queue des
« demandeurs d’emploi » aux portes des usines, l’emploi
étant, à l’époque, distribué directement par le patronat aux
portes mêmes des usines. Tous les malheurs de notre époque
actuelle découlent de ce comportement. Le capitalisme, et sans faire
appel à quelque complotisme que ce soit, se montre toujours habile à
assurer sa pérennité. En accroissant, souvent de manière
artificielle, le taux de chômage dans les pays occidentaux tout en
ne jurant que par le « plein emploi », le capital a su
créer une totale insécurité des classes laborieuses. Aujourd’hui,
rien n’est plus important que « d’avoir un emploi »
et, le plus souvent, sans discernement sur l’utilité sociale de
cet emploi ni sur les conditions de sa rémunération. Le critère
numéro un du bonheur est simplement d’avoir un emploi. Comment
sortir de cette mauvaise passe ? En cessant de faire la queue devant
les usines, aurait dit Lafargue. De nos jours, le paradoxe patent
entre l’enrichissement outrancier des riches et l’appauvrissement
des pauvres, qui prouve de manière évidente que notre problème est
un problème de redistribution, il semble que la solution aux
problèmes de nos sociétés de plus en plus injustes serait de
reprendre l’argent des riches et de le redistribuer aux pauvres,
qu’ils aient ou non un emploi. Mais, dans nos pays encore très
mystiques, où, de plus, la religion reprend de plus en plus de
poids, ne pas gagner son pain à la sueur de son front reste frappé
d’indignité. Un Humain sans emploi n’est un humain complet. Où
l’on comprend la fonction politique des religions. C’est cela
qu’il faut changer en premier. Un être humain est un être humain,
qu’il travaille ou non, qu’il doive ou non son argent à son
travail. Les riches, eux, qui s’enrichissent en dormant, n’ont
pas ces complexes. Les solutions existent, qui nous sortiraient tous
de la misère, salaire universel, par exemple, et toutes ces
solutions supposent une chose aujourd’hui impossible : que les
riches renoncent à une part de leur richesse. Comme dirait Audiard :
touche pas au grisbi, salope ! …
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